LA MAISON DES CHANOINES



La Maison des Chanoines

 

 

LES DONNEES ACTUELLES

 

Sur la voie express, tout en bas de la colline de Saint-Ennemond, se trouve la Maison des Chanoines, entre le bâtiment moderne de l'usine Chavanne et la rue des Etroits. Une loggia à colonnes relie les deux ailes de la vieille bâtisse, surmontée d'une tourelle ventrue de vétusté. C'est le plus vieux témoignage du passé de la ville, après l'anéantissement des autres vestiges par la Révolution, l'industrie, l'explosion immobilière.

Naguère, la maison se trouvait au bord du Janon aujourd'hui recouvert par la route très peu en amont du pont Fourvieux qui reliait la ville basse à Saint-Ennemond par la rue des Etroits.

Un vieux plan de la ville ou une vue aérienne montrent clairement qu'elle est construite en partie hors de l'ancienne enceinte fortifiée. Autrefois, la muraille suivait la ligne de plus grande pente entre Croupisson et le Janon ; d'étroites ruelles (les ruettes) la longeaient.

Depuis quelques années, les projets de restauration étudiés par la municipalité propriétaire ont valu une assez belle notoriété à la Maison des Chanoines auprès des Saint-Chamonais. Certains, naïfs sans doute, y ont vu un peu vite le plus bel emplacement qui soit pour un musée, réclamé à grands cris depuis un siècle, épisodiquement, par les amateurs d'histoire locale. Hélas !...

Plusieurs projets de rénovation artistique furent fournis par l'architecte parisien Jean-Pierre Jouve. Le 6 mars 1974, la municipalité lui répondit qu'elle entendait utiliser la maison de la façon suivante, que nous simplifions :

- rez-de-chaussée avec hall d'accueil et salles de musée consacrées à l'histoire de la ville et à l'histoire économique ;

- premier étage avec salles de réunion et bureau du responsable ;

- deuxième étage avec salles de réception, d'expositions, d'entretiens. Un appartement était prévu pour le concierge.

Projet quelque peu ambitieux par sa polyvalence si l'on tient compte des surfaces réelles, mais d'inspiration fort louable. Il n'en est plus question...

Sur le terrain, l'entreprise spécialisée Comte s'attela au délardage des murs, plafonds, escalier, et au nettoyage intérieur complet de façon à faire apparaître, autant que possible, le plan et la conception de l'ensemble à l'origine. Il en résulta un demi-millier de tonnes de déblais amoncelés un peu partout, qui prouvent les multiples remaniements dont la bâtisse a été l'objet, et peut-être leur hâte coupable. L'aspect extérieur nous en avait déjà convaincu.

Il semble qu'on soit en présence de deux constructions successives, au moins, d'époques différentes. L'aile ouest pourrait être un rajout relativement récent et la loggia à colonnes, de la dernière partie du XVIe siècle, semble une manifestation locale de l'italianisme et de la Renaissance. Le thème de la colonnade, traité avec plus ou moins de bonheur après la Bastie d'Urfé, a été repris dans des demeures bourgeoises, à la Philippière d'Izieux et au Colombier de Saint-Julien, selon le Père Jean Granger.

L'aile orientale, qui a conservé son escalier à vis, constitue le noyau primitif de la demeure, et il n'est pas exagéré d'y voir les restes d'un point fortifié du mur d'enceinte, flanqué d'une tour donnant sur la campagne. Elle surveillait la « planche » qui traversait le Janon, avant la construction du pont Fourvieux, et aussi les vieux fours banaux, qui justifient ce nom de lieu. On peut encore voir plusieurs fenêtres et arches d'inspiration Louis XIII qui donnent rue des Etroits. Quant à la tourelle actuelle, elle n'est qu'une réminiscence de la tour primitive.

En tout cas, la permission de construire aux dépens des murailles laisse supposer un propriétaire apparenté au seigneur.

 

LES DOCUMENTS

Rien n'est plus décevant, pour un remueur d'archives, que de constater que tous les fils conducteurs se brisent, l'un après l'autre, en remontant ou en descendant le cours du temps. La dénomination : Maison des Chanoines (sous-entendu de la Collégiale Saint-Jean-Baptiste à Saint-Chamond), est assez récente ; elle pouvait se révéler trompeuse. Les localisations ambiguës, les descriptions obscures, et pour finir, l'erreur d'un copiste qui a remplacé «orient» par «ouest», nous ont longtemps arrêté. Il a bien fallu la chance de deux registres ayant appartenu aux chanoines ([1]) et les ressources des Archives départementales pour arriver à nos fins ([2]).

Les documents montrent que les chanoines n'ont possédé au Petit-Fort, au bord du Janon, que deux immeubles : les maisons Joyant et Perce val ; leurs autres propriétés de Saint-Chamond se trouvaient au Grand-Fort, qui donnait sur le Gier. Nous suivrons la destinée de l'une et de l'autre, pour les identifier, mieux cerner leur importance dans la Communauté, et saisir au passage le mode de vie des chanoines, jugé à tort très au-dessus du commun en ces siècles de pauvreté générale.

Un cahier d'archives, sauvé à point nommé des flammes révolutionnaires par le tout jeune Jean Brun, fournit nombre de renseignements précieux ([3]). Hierosme Joyant, bâtonnier de la Collégiale, n'était pas chanoine mais simple bedeau : il portait le bâton à la tête des cortèges, louait les bancs de l'église à son profit et recevait quelques étrennes pour des tâches subalternes. Le 6 novembre 1654, le seigneur Just-Henry Mitte, fils de Melchior, lui fit don d'une maison au Petit-Fort. Joyant la légua au Chapitre par testament, le 3 mai 1667, et mourut vers 1672.

La maison Joyant figure désormais parmi les immeubles loués au bénéfice de la communauté. Le 18 février 1791, la déclaration du chapitre à l'administration du district de Saint-Etienne montre un revenu total de 121 livres produits par la location à trois particuliers : Jeanne-Marie Coste, Jeanne Staron, Claudine Colet, et à quatre chanoines parmi lesquels, outre Camille Burlat, figurent les plus hauts dignitaires : le doyen Jean-Louis Fulchiron, le précenteur Philibert Gayot et l'aumônier Jean-Pierre Regnault ([4]).

Les trois femmes sont peut-être les servantes que les dignitaires pouvaient entretenir grâce à leur rémunération supérieure : le doyen percevait trois parts de chanoine, le précenteur deux parts, l'aumônier au moins une part et demie. La chambre de chacun était probablement sans confort, meublée de quelques étagères à livres. Les autres chanoines, assez dispersés dans Saint-Ennemond, étaient souvent plus mal lotis. Ils appartenaient généralement à la bourgeoisie saint-chamonaise, mais leurs parents les oubliaient facilement, après leur avoir confié une fois pour toutes la mission de « prier pour la famille » ([5]).

Nous pourrions penser que cette maison d'habitation des chanoines est bien celle qui nous intéresse aujourd'hui si nous ne nous heurtions à une difficulté de taille : les registres privés attestent de l'état de déla­brement avancé dans lequel se trouve l'immeuble au début de la Révo­lution.

L'urgence d'une restauration est telle que, le 2 mai 1789, le vieux doyen Fulchiron offre 1 000 livres, sous condition d'une rente viagère de 24 livres, « pour aider à la reconstruction d'une partie de la maison Joyan, qui menace d'une ruine prochaine. » Le chapitre applaudit à l'avantage que son doyen lui consent « en se contentant d'une rente aussi modique pour une somme aussi considérable. »

Mais Fulchiron a compté sans la Révolution, qui frappe en premier les communautés religieuses ; il compromet son patrimoine sans profit pour quiconque. Une mention marginale montre qu'il peut à temps réparer sa bévue : « La réparation pour la maison n'ayant pas été faite, je reconnais que le chapitre m'a rendu la somme de mille livres que je lui avais donnée. Ce 10 juillet 1790. Fulchiron, doyen. »

L'affligeante vétusté du bâtiment explique sans doute qu'on ne retrouve trace ni de sa vente au titre des biens nationaux, ni de sa réservation, ni de son omission. Ce mutisme des archives est exceptionnel pour le canton de Saint-Chamond, en ce qui concerne les communautés religieuses. Qui aurait acheté des ruines ?

Deux textes assez obscurs permettent heureusement de localiser la maison Joyant :le 13 janvier 1776, les chanoines accordent un bail en faveur de Gayot «qui désirait occuper la chambre dépendante de la maison Joïant joignant la voûte du grand escalier où on renferme la chaud (la chaux), ladite chambre estant en très mauvais estât. » Le locataire ne paya que 17 livres par an après quelques réparations faites par le chapitre.

Le même jour, Regnault obtient un bail de 18 livres pour une chambre «à l'angle qui est au-dessus de la croix», après que le chapitre eut consenti aux réparations pour la rendre habitable.

La maison Joyant se trouvait donc sur l'ancienne place Saint-Jean, près du pont de la Boucherie. Elle était fort bien placée et l'on comprend que les dignitaires du chapitre, à l'origine au moins, aient désiré y ha­biter. Elle n'est pas la maison qui nous intéresse.

Reste la maison Perceval.

Pour rembourser les dettes de son père Melchior, le seigneur Jean-Armand Mitte doit vendre les seigneuries et les domaines extérieurs que son frère aîné Just-Henry n'a pas encore liquidés de son vivant.

Puis vient le tour d'une maison située à l'intérieur même de son «fort», qu'il vend le 26 mars 1667 à Claude Perceval, chanoine depuis 1654, puis sacristain. Il s'agit bien d'une maison seigneuriale, qui n'est plus neuve depuis longtemps, mais fort bien placée, si l'on se souvient qu'avant Melchior, le château de Saint-Chamond avait le triste privilège de n'être accessible qu'à pied et à cheval. Gabrielle de Saint-Chamond y a peut-être trouvé du charme et il n'est pas exclu que Melchior l'ait habitée pendant sa jeunesse, quand les relations avec son père Jacques étaient des plus difficiles.

En 1691, Perceval lègue son bien aux chanoines, puis meurt le 14 février 1692. Un texte la désigne par « grand tènement de maisons, jardins, etc... le tout contigu et joint par ensemble, de la contenance d'environ une métérée et demie (à peine 1 500 m2) sis en la forteresse de Saint-Chamond, rue de la Goué ou Petit Fort.» ([6]).

Les années désastreuses de la fin du XVIIe s., puis un manque de rigueur dans l'administration des biens au début du XVI!le s., appauvrirent les revenus de la communauté : en 1740, la maison Perceval court droit à sa perte.

Ainsi, le 27 juillet, le chapitre s'engage à célébrer une grande messe annuelle pour le repos de l'âme du chanoine Julien Montgirod, qui vient de faire réparer la maison Perceval, où « il n'y avoit n'y couvert (toiture), planchers, n'y cheminée, et qui étoit inhabitable, pour raison de quoy il a employé la somme de 364 livres. » (sic). En même temps, il décide d'affecter à l'entretien régulier de la maison une fraction de son revenu locatif.

En 1789, on retrouve la maison louée à «Varaine, Grangier, veuve Plasson, Camille Font, Etienne Cote, Jean-Antoine Font, Vincent Piraud et Dague». Elle rapporte annuellement 200 livres.

Elle est vendue aux enchères le 18 mars 1791, comme bien national, avec la plupart des autres maisons. Basset l'obtient pour 2825 livres, la plus forte somme proposée si l'on excepte la maison neuve que possède le chapitre rue des Estables (naguère rue du Janon) ([7]).

Etienne Basset, commissaire à terriers et agent du seigneur de Mondragon, l'a acquise avec trois autres lots pour le compte de Jean-Jacques Dugas-Vialis, négociant en rubans et révolutionnaire remuant. Sur un total de 17800 livres, l'acheteur n'a versé que 800 livres d'avan­ce ([8]).

Après l'évacuation de Saint-Chamond par les troupes fédérées lyonnaises et l'arrivée de celles de la Convention (septembre 1793), Basset est arrêté puis exécuté à Lyon le 11 décembre 1793. Ses héritiers recouvrent d'abord la jouissance de ses biens (2 janvier 1795), puis leur pleine propriété (7 juillet). Ils remettent à Jean-Jacques Dugas-Vialis ses quatre lots le 22 décembre, date où il est fait mention pour la dernière fois de la maison Perceval, décrite alors comme « un tènement de maisons, jardin et terrain inculte».

On ne sait par quel mystérieux effet de concentration on la retrouve, quelques années plus tard, dans les mains du bourgeois le plus riche de la ville, maire pendant la presque totalité de l'Empire, et dont les hauts appuis ne se comptent pas, le négociant Fleury Grangier.

Il la joint probablement à quelques fonds contigus et, le 22 messidor an XI (11 juillet 1803), il vend pour 8000 F à Etienne Font, teinturier en soie de la rue du Sépulchre, « un tènement de bâtiments, fenils, écuries, cour, jardin et pré verger, de la contenüe d'environ un arpent et vingt perches (un peu plus de 5000 m2), situé à Saint-Chamond près le pont Rafernier ([9]), n° 645, confiné au midy par la rivière de Janon, à l'occident par le chemin tendant de ladite rivière aux Brosses (en direc­tion de la rue Pasteur actuelle), au nord par le chemin tendant des Brosses à Saint-Ennemond {rue de Lavieu), à l'orient par la maison et jardin restant au vendeur, par le jardin vendu à Jean-Pierre Charvet, et par celui de Gaillard, au nord encore par ce dernier jardin, à l'orient et au nord par un petit chemin appelé les Ruettes (rue des Etroits), et à l'orient encore par le même chemin et le pont Rafernier» ([10]).

On aura noté que les parents de Font louaient déjà une partie de la maison avant la Révolution. Le propriétaire jouit d'une estimable fortune, comme son homonyme, autre Etienne Font, épicier, conseiller municipal sous l'Empire. C'est probablement le teinturier en soie qu'on retrouve en 1835 au conseil des prud'hommes, avec le titre de fabricant de rubans.

Il est probable qu'il remanie la Maison des Chanoines et aménage les étages à des fins professionnelles qui expliquent les hautes fenêtres.

Cependant, depuis 1825, après la vogue du ruban marabout et du ruban gaze, la rubanerie émigré en force à Saint-Etienne et les fabriques saint-chamonaises ferment l'une après l'autre. En 1835, on ne trouve plus de trace de l'entreprise Dubouchet-Fond ([11]).

Par donation-partage, il transmet la propriété à ses deux filles en 1834, dont les héritiers restent dans l'indivision jusqu'en 1864, date où ils la vendent 15000 F à Jean-Claude Roussier, jardinier à Saint-Chamond.

Les Roussier sont jardiniers de père en fils, au moins depuis la Révolution ; ils possèdent des terrains en bordure du Gier, entre le Pré-Château et la place Notre-Dame. Avec quelques autres, rappelés à Saint-Chamond par la rue des Jardiniers, ils ont beaucoup bénéficié de la période de sévère disette due à la Révolution, puis de l'expansion industrielle et démographique qui l'a suivie. Leurs terrains potagers ont été bâtis, et ils ont dû en chercher d'autres, à Lavieu par exemple.

Le 16 juin 1916, les enfants de Roussier revendent leur propriété pour 60000 F aux Etablissements Chavanne-Brun. Il s'agit alors d'un ensemble agrandi de 9800 m2, compris entre le Janon, la rue des Etroits et celle de Lavieu, dont une partie servira à l'installation d’une usine métallurgique.

En 1962, l'Office public d'H.L.M. désire acheter des terrains pour réaliser la deuxième tranche de l'Opération Boucherie. La Société Chavanne-Brun Frères lui cède un îlot sur la rive droite du janon et, en dehors de ce lot, lui propose gratuitement le bâtiment dit Maison des Chanoines, qui risque de périr de vétusté alors qu'il présente un certain intérêt historique pour la ville. L'Office d'H.L.M. rétrocède immédiatement l'immeuble à la municipalité, moyennant le franc symbolique.

Résumons les vicissitudes du bâtiment : point fortifié important, petite «folie» seigneuriale commode, maison de rapport des chanoines, immeuble de placement sûr pour la bourgeoisie révolutionnaire, unité rubanière, unité maraîchère, dépendances d'une entreprise métallurgique et enfin... débit de boissons. La dégradation des lieux a été parallèle à celle des fonctions.

A notre avis, un tel constat d'ensemble rend très problématique une tentative de rénovation artistique fidèle : la maison a subi trop d'outrages et, de plus, aucune description un peu précise, aucun ancien plan ne peuvent nous aider.

Faudra-t-il se résigner à la voir s'écrouler au bord de « l'autoroute », sous l'effet des vibrations du sol et de l'air? Nous sommes souvent enclins à le penser. Seuls alors quelques murs de soutènement nous rappelleraient l'époque seigneuriale.

 

                                                                                                       LUCIEN PARIZOT

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[1] Conservés  par un  particulier, ils  ont échappé aux investigations des chercheurs. Ils contiennent, sans grand ordre, les délibérations du chapitre, les rappels du règlement intérieur,, la relation d'événements menus pour la plupart, intéressant la communauté de sa fondation à sa disparition, le relevé d'actes notariés qui fondaient certains droits du chapitre. Entre les feuillets de l'un d'eux, remplis d'une belle écriture du XVIIes., une main nostalgique a glissé, hier dirait-on, de superbes feuilles de marronnier qui se fanent-là, peut-être de­ puis deux siècles.

Nous nous contentons de compléter la liste des chanoines publiée par M. de Boissieu :

- Gabriel   Braud,  reçu   chanoine   le   11   mars   1750,  après   le  décès  du doyen Bonne ;

- Charles-François  Dugas,  reçu  le 24 avril  1740, démissionnaire  en  1742
et qui devint curé de Saint-Martin-en-Coailleux.

Noter que Marc-Antoine Délavai, ou Laval, n'a jamais été présent au cha­pitre général annuel de janvier ; il a « fait des études », puis on ne l'a plus revu.



[2] Que soient ici remerciés Mlle Viallard et ses services pour leur obli­geant concours, cet article ayant nécessité l'examen d'une bonne cinquantaine de dossiers, particulièrement sur les biens nationaux.

[3] Voir  M.  de   Boissieu,  L'Eglise  collégiale   de Saint-Jean-Baptiste,  qui fournit la documentation essentielle, et aussi Gerval n° 12, f. 238 à 241 : Histoires de Chanoines ; n° 16, f. 367 à 373 : Histoires de reliques.

[4] A.D.L. ;  Q. 346.

[5] On comprend mieux que les chanoines, certes à l'abri des plus grandes difficultés matérielles, mais vivant en circuit fermé, à l'écart des activités du siècle et même de l'action paroissiale, se soient repliés sur eux-mêmes et accrocsaux seuls intérêts de la Communauté. On saisit mieux aussi que, méprisés par le clergé des paroisses, ils se soient enfermés dans de mesquines querelle de préséance, seule façon pour eux de faire reconnaître leur existence, tout en honorant le fondateur de leur chapitre.

 

[6] On peut traduire Goué par le dialectal goye ou le savoyard gouet : serpe. Allusion à la forme de la rue, qui desservait seulement la maison à l'origine puis qu'on a tant bien que mal raccordée par un arc à l'actuelle rue des Etroits, tracée par la suite.

Le premier plan, de 1771, montre un jardin d'agrément très bien dessiné àl'ouest de la maison.

[7] A.D.L ; Q. 234.

 

[8] Outre la maison Perceval, Dugas avait acheté par l'intermédiaire de Basset :

- pour 6475 livres, un pré de la prébende des Petitjean, de 12 métérées,
au territoire de la Vigne àIzieux, bordé par ses propriétés et par le chemin d'izieux à la Petite Varizelle au nord ;

- pour 3 850 livres, deux maisons dites « maisons brûlées », de la Société des prêtres de Notre-Dame et situées rue du Sépulcre (approximativement entre la rue Alsace-Lorraine et [a rue Déserte actuelles) ;

- pour 4 050 livres, un pré de 20 métérées à la Petite Varizelle.

Dugas revendra ensuite ses acquisitions, par exemple les maisons brûlées, le 20 février 1800, pour 3600 F.

Jean-Jacques Dugas-Vialis [1739-an XI) est un personnage peu attachant, mû par l'intérêt, la hargne et la jalousie familiale à l'égard de ses deux frères aînés anoblis pour services rendus àl'industrie rubanière (voir la Capucinade). Il se lance à corps perdu dans la Révolution, qu'il a activement préparée dès 1785, date àlaquelle il est premier consul de la ville. Membre influent du club sous la Terreur, il n'a pas été emprisonné longtemps. Sa maison principale, à l'angle des rues Alsace-Lorraine et Croix-Gauthier, n'a été abattue que récemment. Ne pas le confondre avec son fils : J.J.D.V. Marie (1783-1866) maire de 1825 à 1827, et en août-septembre 1830

[9] Ou plutôt : pont Refarnier, mot populaire au sens de « enlève-farine » ; allusion aux vieux fours banaux de l'endroit, utilisés jusqu'au XVIe s., dont le fournier ôtait 5 à 6 % de la farine apportée par les habitants pour la fabrication du pain. Il s'agit du pont Fourvieux.

 

[10] A.D.L., archives du  notaire  Louis  Finaz.

[11] Font  (transcrit Fond dans les actes notariés mais qui signe Font) a pour gendre Antoine Dubouchet, ne au  Reclus en  1780, mais dont la mort prématurée en 1830 complique encore la situation.